Holding, Google, Time... L'actu médias et réseaux sociaux (11-18 juin)
Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : Le projet de holding de l'audiovisuel public qui se précise, Google et Meta qui se disputent sur la vérification de l'âge en ligne, Le Time qui débarquera dans l'hexagone en 2025, et la fin des journaux aux États-Unis qui coïncident avec une augmentation des affaires de corruption...
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Réforme de l'audiovisuel public : Laurence Bloch trace la feuille de route de la future holding
L'ex-patronne de France Inter Laurence Bloch a remis le 16 juin aux parlementaires son rapport sur la création d'une holding de l'audiovisuel public. Missionnée en mars par la ministre de la Culture Rachida Dati, elle propose une réforme structurante en huit points, et recommande notamment une gouvernance centralisée, dirigée par un PDG unique de la holding "France Médias", assisté des directeurs généraux des cinq filiales (France Télévisions, Radio France, l'INA, Franceinfo et la plateforme ICI). L'objectif est d'unifier l'action et accélérer la transition vers le numérique. Bloch insiste aussi sur "la place grandissante de l'information" et propose un "superpôle d'info chaude" pour renforcer Franceinfo face à la désinformation. Elle plaide également pour une offre régionale renforcée sur cinq territoires et des investissements accrus dans l'IA. Elle souhaite préserver "l'essence des métiers" tout en facilitant la mobilité entre filiales.
Le Conseil d'État, dans un avis daté du 20 mars mais transmis au Parlement le 16 juin, valide juridiquement le projet, jugeant qu'il ne contrevient ni à la Constitution ni au droit européen. La plus haute juridiction administrative autorise la nomination d'un super-PDG, directeur de publication des entités, et admet la possibilité de mettre fin au mandat de Delphine Ernotte, renouvelé en mai 2024, si la holding est créée en janvier 2026.
Source : Libération

Vérification de l'âge en ligne : Google rejette la solution prônée par Meta
Google a publié vendredi 13 juin un billet critiquant les propositions de Meta pour imposer une vérification d'âge centralisée via les boutiques d'applications comme le Play Store ou l'App Store. Le groupe y défend sa propre approche technique intégrée à Android, via son outil Credential Manager, basé sur la technologie de preuve à divulgation nulle (Zero-Knowledge Proof). Google affirme que cette méthode permet de prouver qu'un utilisateur est majeur sans révéler d'autres données personnelles. Elle serait ainsi mieux adaptée au respect de la vie privée, tout en répondant aux exigences du règlement européen sur les services numériques (DSA).
En parallèle, Meta plaide pour une nouvelle législation européenne obligeant les systèmes d'exploitation à vérifier l'âge des utilisateurs, notamment pour lutter contre les applications de "nudification" (qui permettent de désabiller numériquement une personne sur une photo). Google s'y oppose fermement, jugeant que cela reviendrait à "partager des tranches d'âge précises à des millions de développeurs", ce qui serait "inquiétant" et "difficile à prédire". Google défend un modèle décentralisé et flexible, estimant que la proposition de Meta nécessiterait une "réingénierie d'internet". Il met en avant son soutien à la Commission européenne, qui travaille à une solution paneuropéenne d'identité numérique, et salue les nouvelles lignes directrices de l'article 28 du DSA.
Source : Google

Le magazine "Time" arrive en France avec une édition trimestrielle dès fin 2025
Le magazine américain Time lancera une édition française à la fin de l'année 2025. L'annonce a été faite jeudi 12 juin par l'éditeur et le groupe 360BusinessMedia, déjà responsable de Forbes France. Il s'agira de la première licence internationale de l'hebdomadaire centenaire. Time France paraîtra sous forme d'un trimestriel papier de 200 pages, et un site web associé sera lancé en octobre. La rédaction combinera des contenus originaux en français et des traductions d'articles de l'édition américaine. Une équipe éditoriale française sera constituée dans les mois à venir.
Le magazine, qui revendique une audience globale de 120 millions de personnes, conservera la même "personnalité de l'année" dans ses deux éditions. "Le profil sélectionné bénéficie généralement d'une portée et d'une résonance véritablement internationales", a expliqué 360BusinessMedia à l'AFP. En 2024, Time avait désigné Donald Trump comme personnalité de l'année. Tiré à 100 000 exemplaires, le magazine sera distribué en France, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et à Monaco, et 50 000 exemplaires seront vendus en kiosque. Les autres seront disponibles dans des "lieux premium", comme des hôtels de luxe ou salons d'aéroport.
Dominique Busso, directeur général de 360BusinessMedia, pilotera cette nouvelle édition. Il avait déjà lancé Forbes France en 2016. "C'est un honneur d'orchestrer l'arrivée en France d'un titre aussi emblématique", a-t-il déclaré. Jessica Sibley, PDG de Time, a salué "notre engagement à atteindre de nouveaux publics". Elle rappelle que le magazine a déjà couvert la France à travers des interviews d'Emmanuel Macron, Kylian Mbappé ou Mory Sacko.
Source : Le Monde

États-Unis : la disparition des journaux locaux favorise la corruption
Depuis 2004, plus d'un quart des journaux américains ont disparu, soit environ 2 500 "newspapers". Un phénomène qui mène à une hausse mesurable des affaires de corruption, selon une étude publiée en juin 2024 par les universitaires Brad Greenwood et Ted Matherly. Les chercheurs ont analysé la fermeture de 65 quotidiens régionaux entre 1996 et 2018, constatant une hausse de 6,9 % des inculpations pour corruption, de 6,8 % du nombre d'accusés, et de 7,4 % des affaires enregistrées dans les districts concernés. L'étude s'appuie sur une méthode dite de "différence en différences", conçue pour identifier une relation de cause à effet en éliminant les biais économiques ou démographiques.
Les auteurs ont élargi leur analyse au Brésil, où 65 quotidiens ont disparu entre 2011 et 2021, et le constat est le même, la fermeture des journaux étant suivie d'une hausse des affaires de corruption. Les médias numériques n'inversent pas cette tendance, car qu'il s'agisse de blogs locaux ou de médias associatifs, "l'impact de ces sites sur la corruption est négligeable", affirment les chercheurs. Pourquoi une telle influence des journaux papier ? L'étude suggère que leur disparition change les comportements judiciaires. Après une fermeture, les procureurs concluent plus souvent des accords de plaidoyer au lieu d'aller au procès. Les auteurs avancent que la presse locale pourrait "maintenir la pression sur les procureurs" et "accroître la visibilité des affaires".
Source : Columbia Journalism Review

Vers une nouvelle régulation des plateformes numériques ?
La Fédération européenne des journalistes (EFJ), le lobby défendant les droits et l'indépendance des journalistes européens, a plaidé jeudi 12 juin devant le Parlement européen pour une régulation renforcée des grandes plateformes numériques. Sa directrice, Renate Schroeder, a proposé de les traiter comme des "infrastructures sociétales" dans le cadre de services d'intérêt général. Selon elle, "le droit de la concurrence dans les médias doit être complété par un nouveau type de loi sur les infrastructures numériques". En cause, le déséquilibre économique croissant entre plateformes et médias, que les règlements DSA (services numériques) et DMA (marchés numériques) ne suffiraient pas à corriger. Elle dénonce une "déstabilisation des modèles économiques du journalisme" non résolue par les outils réglementaires actuels.
Renate Nikolay, directrice générale adjointe de la DG Connect, a rappelé que le règlement sur la liberté des médias (EMFA) entrerait en application cet été. La Commission européenne élabore actuellement des lignes directrices sur l'article 17, qui encadre la déclaration officielle des éditeurs auprès des plateformes. Ce statut permettra aux médias de contester plus facilement les suppressions de contenus. Nikolay a également évoqué le futur "bouclier démocratique" européen, qui sera présenté après le Cadre financier pluriannuel (CFP), attendu le 16 juillet. Elle a insisté sur l'enjeu du financement : "Nous avons sûrement intérêt à garantir que le soutien actuel aux médias, qui est plutôt limité, soit soutenu, pour aider les médias face à leurs défis structurels."
Source : Parlement européen

Canal+ muscle son application pour s'imposer face aux géants du streaming
Canal+ a dévoilé mercredi 11 juin une série d'innovations pour renforcer son positionnement de plateforme technologique mondiale. Son objectif est de répondre à la fragmentation des usages et de figurer dans le top 5 mondial de la télévision payante d'ici 2030. "On investit un milliard d'euros dans la tech chaque année", a déclaré Stéphane Baumier, directeur des technologies du groupe. Le groupe a notamment présenté une nouvelle version de son application, avec un player repensé. Parmi les nouveautés, on compte la navigation par "swipe" façon réseaux sociaux, des informations en surimpression et une ergonomie améliorée. L'appli est disponible dans 40 pays et sera étendue à l'Europe de l'Est d'ici fin 2026, puis à l'Asie.
Canal+ mise aussi sur l'immersion, dévoilant un documentaire en réalité mixte, réalisé avec Apple et MotoGP, diffusé en septembre. Les spectateurs pourront revivre la victoire de Johann Zarco au Grand Prix de France en étant virtuellement dans le paddock. "Canal est le premier producteur de contenu immersif au monde", s'est félicité le groupe. Sorti de la TNT depuis le 6 juin, Canal+ renforce sa stratégie d'intégration de contenus tiers : Netflix, HBO Max, Apple TV+, BeIN, Eurosport... près d'un million de contenus sont accessibles via sa plateforme. La diffusion s'étend aussi aux véhicules. Après Renault, l'application sera installée par défaut sur les modèles Alpine, 80 % des BMW électriques et 100 % des MINI. Elle est aussi présente à bord des vols long-courriers Air France.
Source : Les Echos

Netflix investit un milliard d'euros en Espagne d'ici 2029 et s'attaque à YouTube
Netflix a annoncé mercredi 11 juin un investissement de plus d'un milliard d'euros dans ses productions espagnoles d'ici 2029. L'information a été dévoilée par Ted Sarandos, co-PDG de l'entreprise, lors d'un événement organisé dans les studios madrilènes du géant du streaming. Présente en Espagne depuis 2015, la plateforme y a connu son premier succès international non anglophone avec "La Casa de papel". En 2019, elle a ouvert ses premiers studios hors des États-Unis à Madrid, 22 000 m2 qui figurent aujourd'hui parmi les centres de production majeurs de Netflix dans l'UE. "Rien que l'année dernière, nos titres espagnols ont généré plus de cinq milliards d'heures de visionnage", a déclaré Ted Sarandos. Depuis 2017, près de 1 000 productions ont été réalisées dans des villes espagnoles, parmi lesquelles "Elite", "Bienvenidos a Edén" ou "La Petite Fille sous la neige". Ces activités ont permis de soutenir plus de 20 000 emplois dans le secteur audiovisuel local, selon l'entreprise.
Parallèlement, Netflix a récemment acquis un pilote de série TV produit avec le média américain The Daily Beast. Cette émission d'actualité d'environ 30 minutes illustre l'intérêt croissant de Netflix pour des formats plus réactifs (sans être plus politiques), à l'image des contenus dominants sur YouTube. Selon Ted Sarandos, YouTube n'est pas un concurrent direct en matière de production, mais capte fortement l'attention. "YouTube ne leur donne pas d'argent à l'avance, donc ils font tout à leurs risques", a-t-il commenté à propos des créateurs présents sur la plateforme.
Sources : Influencia et Semafor

Wikipedia suspend les résumés générés par IA après une levée de boucliers des éditeurs
La Wikimedia Foundation a annoncé mercredi 11 juin la suspension d'un test de résumés générés par intelligence artificielle en tête des articles de Wikipedia. L'expérimentation, initialement prévue pour durer deux semaines sur la version mobile du site, a suscité une opposition massive au sein de la communauté éditoriale. La fondation souhaitait tester ces résumés pour "améliorer l'expérience de lecture", selon son communiqué. Mais les éditeurs bénévoles ont exprimé de vives inquiétudes sur la fiabilité et l'image du site. Un contributeur résume l'opinion générale : "Cela causerait un tort immédiat et irréversible à nos lecteurs et à notre réputation comme source sérieuse et raisonnablement fiable."
Alors que Google déploie ses propres résumés IA dans les résultats de recherche, plusieurs éditeurs craignent que Wikipedia, en imitant ce modèle, dégrade la qualité perçue de son contenu. "Wikipedia est devenu synonyme de sobriété ennuyeuse, et c'est très bien. Ne nous lançons pas dans la course aux résumés tape-à-l'oeil générés par des machines", résume par exemple un Wikipédien. Face à cette fronde, la Wikimedia Foundation a décidé de "mettre en pause immédiatement le déploiement" de ces tests, le débat dans la communauté autour de l'utilité du projet et des risques potentiels pour l'intégrité éditoriale de l'encyclopédie en ligne suit son court, et aucune date de reprise n'a été fixée.
Source : 404 media

Publicité alimentaire : 87 associations demandent une interdiction ciblée pour protéger les enfants
Action contre la faim, Greenpeace, WWF France ou encore la Ligue contre le cancer... 87 organisation ont adressé mercredi 18 juin une lettre ouverte à plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre François Bayrou, la ministre de l'agriculture Annie Genevard, la ministre du travail Catherine Vautrin, le ministre de la santé Yannick Neuder et la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Les signataires y formulent leurs attentes pour la future Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), dont le projet a été mis en consultation publique en avril. Ils réclament notamment "l'interdiction de la publicité pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsqu'ils ciblent les enfants".
Le projet actuel de Snanc se contente de proposer une réduction de l'exposition des plus jeunes à ces publicités, sans aller jusqu'à l'interdiction. Une mesure jugée insuffisante par les associations de santé publique. Parmi les signataires figurent aussi France Assos Santé, la Fédération française des diabétiques et la Ligue contre le cancer. Toutes trois avaient déjà soutenu la charte alimentaire de l'Arcom, sans obtenir d'interdiction des publicités autour des programmes familiaux. Ces organisations appellent désormais le gouvernement à renforcer la régulation pour protéger efficacement la santé des plus jeunes face à la pression marketing des produits ultratransformés.
Source : lettre ouverte pour la SNANC

Snap mise sur les lunettes AR, commercialisation prévue en 2026
Snap a annoncé mardi 10 juin qu'il vendra ses premières lunettes de réalité augmentée au grand public en 2026. Evan Spiegel, PDG du groupe et cofondateur de l'application mobile Snapchat, a confirmé l'information lors de la conférence Augmented World Expo à Long Beach, en Californie. Jusqu'ici, les "Spectacles" étaient réservées aux développeurs depuis leur lancement en 2024. Ces lunettes, rebaptisées simplement "Specs", seront "nettement plus fines et plus légères" que la version précédente, et promettent aussi d'offrir un champ de vision élargi. Spiegel n'a pas dévoilé leur prix, mais affirme qu'il sera inférieur aux 3 499 dollars du casque Vision Pro d'Apple.
Snap a déjà investi 3 milliards de dollars dans le projet Spectacles. Selon Spiegel, "400 000 développeurs créent déjà des effets AR pour Snapchat", un levier stratégique alors que l'application approche du milliard d'utilisateurs mensuels. Les nouvelles Specs intégreront des fonctions d'IA, issues de partenariats avec OpenAI et Google. Elles permettront de dialoguer avec MyAI, le chatbot de Snap, ou encore de détecter des objets et situations en temps réel sans stocker de vidéos. Snap collabore aussi avec Niantic Spatial pour développer une "carte IA de nouvelle génération", qui permettra aux lunettes de mieux comprendre et interagir avec l'environnement.
Face à Meta, Google et Apple, Snap entre sur un marché encore incertain. Spiegel reconnaît que ces lunettes "ne remplaceront pas de sitôt le smartphone", mais estime que leur potentiel est supérieur à celui des lunettes connectées sans affichage. "La question est : est-ce que les gens attendent plus de leurs ordinateurs ? Je pense que la réponse est oui."
Source : The Verge
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